Il faut sauver... les huiles essentielles!

Depuis quelques temps, je lis régulièrement des charges contre les huiles essentielles. Elles seraient nocives pour l'environnement, polluantes, et nocives pour notre santé. Elles seraient pleines de toxiques terribles. Il faudrait carrément les interdire ou soumettre leur achat à des autorisations strictes...

Certes, les réseaux sociaux ne sont pas l'endroit idéal où lire des positions fondées et documentées. Ce genre d'attaques récurrentes mérite pourtant qu'on y réponde. Car oui, j'utilise des huiles essentielles, dans mes cosmétiques faits maison, dans mes produits ménagers confectionnés chez moi et aussi... dans certaines recettes de cuisine!

www.cafedesloulous.ch (site fermé)
Il est temps d'écrire un plaidoyer en faveur de ces merveilles de la nature.
Il est temps de sauver les huiles essentielles, véritables soldats de notre bien-être et notre santé!
Il est temps de contrer les "ayatollah du naturel"!


La connaissance est primordiale


Il me semble qu'il y a pas mal d'incompréhension et d'ignorance dans ces réactions extrêmes. Pour poser le décor, je dois préciser que j'ai suivi une formation en aromathérapie à l'Ecole romande d'aromathérapie. Non pas pour devenir aromathérapeute (le cursus complet dure 150 heures!) mais pour savoir quoi et comment utiliser les huiles essentielles au quotidien. Les trente heures de cours m'ont permis de savoir que les sesquiterpènes présentes dans l'huile essentielle de camomille bleue ou d'ylang-ylang ont des propriétés anti-inflammatoires puissantes. Ou bien que les phénols de la sarriette des montagnes ou du thym thymol sont les "James Bond" des huiles essentielles, aux vertus anti-infectieuses très efficaces.

Ces cours m'ont permis de mieux comprendre ce que sont les huiles essentielles, leur processus de fabrication, de faire connaissance avec 50 huiles différentes, de savoir comment elles agissent, les différentes familles biochimiques, ce que veut dire un chémotype, et aussi de savoir comment composer un mélange à action thérapeutique ou juste pour un usage plaisir (massage, diffusion, etc.).

Des huiles essentielles dans des produits ménagers: un gâchis?

Un premier constat: les HE ont de multiples propriétés (désinfectantes, purifiantes, etc.) intéressantes pour la santé, l'équilibre énergétique, mais aussi pour faire le ménage (surtout aux toilettes). Cela est vérifié en laboratoire, où on constate qu'elles sont très efficaces contre ces charmantes bébêtes qui font des dommages sur notre santé (champignons, bactéries, etc). Et que c'est pour ces propriétés désinfectantes, antiinfectieuses, bactéricides, virucides, etc. qu'on les utilise dans les produits ménagers. 

Dans les produits ménagers, je n'utilise pas les huiles essentielles pour leurs odeurs, bien que j'apprécie beaucoup le parfum de certaines. Un "cake vaisselle" aux huiles essentielles d'agrumes, cela sent vraiment très bon et cela fait du bien. En effet, l'huile essentielle de citron par exemple est un tonique physique et psychique. Le citron stimule en cas de léthargie, il aide à se concentrer. Voilà qui explique pourquoi faire la vaisselle qui sent bon le citron est plutôt plaisant...

Les extrémistes du naturel prétendent que pour obtenir de bonnes odeurs dans les produits ménagers DIY, il faut utiliser plutôt des fragrances synthétiques. Cela m'horrifie. Que sait-on de leur mode de production? De leurs effets sur l'environnement? Il n'y a rien de naturel dans ces fragrances, alors je me méfierais.
Utiliser des huiles essentielles dans des produits ménagers pour leurs propriétés est une très bonne alternative aux produits chimiques.

Il est clair que l'utilisation d'huiles essentielles dans la lessive est un gâchis. Juste parce qu'elles s'éventent et que leur odeur ne se maintient pas dans le linge qui sèche à l'air libre. Toutefois, ajouter de l'huile essentielle de lavandin dans sa lessive fait maison, c'est plaisant à chaque fois que je débouche mon bidon de lessive. Cela me fait du bien à moi car le lavandin, comme la lavande en moins cher, est calmant.

Fabriquer des huiles essentielles serait nocif pour l'environnement


Comme pour notre alimentation, rien ne nous empêche de choisir des HE de production bio. C'est spécifié sur le flacon. Et c'est plus cher. Toutes les huiles essentielles sont faites à partir de plantes, il vaut mieux pour l'environnement qu'elles soient cultivées en bio, bien sûr. Ensuite, il en faut de gros tonnages, c'est vrai. Le rendement est minime et varie énormément d'une plante à l'autre: l'huile essentielle de rose est très très chère car il faut 4 tonnes de roses pour obtenir un kilo d'huile essentielle. L'huile essentielle de citron est meilleur marché car l'écorce du citron contient beaucoup de cette substance (essayez de pincer une peau d'agrume avec les doigts: ce qui gicle est de l'huile essentielle!).


Schéma de distillation (distillation.bio)

La production d'huile essentielle est naturelle. Il s'agit d'une distillation à la vapeur. On fait passer de la vapeur d'eau au travers des plantes. Au bout, après refroidissement de la vapeur dans un serpentin froid, on obtient de l'hydrolat et de l'huile essentielle qui surnage. Tout ceci se fait de manière naturelle, sans solvants chimiques. Le rebus est évidemment végétal et  il est composté. C'est une production agricole au même titre que la culture des légumes qui nous nourrissent. C'est une production plus respectueuse de la nature (en bio bien sûr) que l'industrie chimique.

Les huiles essentielles sont bonnes... à manger aussi!

Le saviez-vous? 
On peut aussi utiliser les HE en cuisine sans s'intoxiquer, bien au contraire. 
Valérie Cupillard en a fait un livre que je vous recommande!
Bien que attention, la recette de la confiture d'abricots à l'huile essentielle de petit grain bigarade est trop fortement dosée! Une seule goutte suffit!

Mais c'est bien pratique d'avoir en réserve de l'huile essentielle d'orange quand on n'a pas d'orange fraîche pour aromatiser une crème ménagère, ou bien d'aromatiser un ragoût avec une goutte d'huile essentielle de thym et de romarin en plein hiver.


Attention tout de même...


Si certaines huiles essentielles sont assez "anodines" dans leur usage (à dose adaptée bien sûr), comme la lavande aspic (contre les piqures de moustique)s, la ciste ladanifère (stoppe les hémorragies) ou le tea trea (pour tous les bobos de la peau), ce n'est pas le cas d'autres huiles qui peuvent être assez dangereuses.

Un seul exemple...
Oui, une HE de sarriette est dangereuse en tant que telle, en raison de sa forte teneur en phénols (carvacrol), une substance anti-infectieuse puissante (elle soignera les diarrhées et toutes les pathologies infectieuses), mais elle est aussi dermocaustique et hépatotoxique. On ne l'utilisera pas plus de sept à dix jours d'affilée, jamais par une femme enceinte ou un enfant, et il faudra la combiner avec de l'huile essentielle de citron ou de romarin à verbénone pour protéger le foie.
 

Oui, il faut savoir comment l'utiliser, à qui la donner et selon quel dosage. On peut aussi dire cela de n'importe quel médicament, comme de n'importe quel ingrédient dans votre cuisine aussi. 
C'est la dose qui fait le poison, pas la substance elle-même (sauf rares cas de substances hyper dangereuses comme le curare ou... la digitale du jardin). Car oui, certaines HE sont utilisées uniquement en traitement thérapeutique pour des affections ou maladies précises.
 

Oui, les HE sont efficaces du fait de leur composition chimique complexe (sesquiterpènes, monoterpènes, lactones, ethers, esthers, coumarines, aldéhydes, acides, oxydes, etc.). 

Oui, cela demande des précautions pour les utiliser et les centres anti-poisons ont bien raison d'alerter sur leur usage "plaisir sans savoir". 


Mais de là à diaboliser toutes les HE, c'est complètement irresponsable et digne d'une attitude "ayatollah du naturel." C'est la personne qui utilise une HE qu'il faut informer, coacher. Et pas interdire la substance.

Alors que faire ?


Décidément, internet est loin de remplacer une encyclopédie de confiance. On y trouve tout et n'importe quoi, tout et son contraire. Car chacun peut prétendre être expert en ceci et en cela. Surtout en matière de cosmétiques fait maison. J'ai vu passer des recettes hallucinantes...

Les conseils que je peux donner, avant d'utiliser des huiles essentielles est d'acheter un livre de recettes d'un-e auteur digne de confiance, avec une solide formation en pharmacie, comme par exemple La Bible des Huiles essentielles de feu Danièle Festy, qui était pharmacienne de formation.
Ou L'aromathérapie de Dominique Baudoux, pharmacien lui aussi.

On peut aussi se rendre dans une bonne droguerie ou une pharmacie qui vent des huiles essentielles et poser des questions précises. Dans les drogueries Roggen, à Estavayer-le-Lac, Corcelles et Romont, on obtient d'excellents conseils dans ce domaine.

Si on se destine à utiliser régulièrement des huiles essentielles, par exemple pour fabriquer ses cosmétiques ou ses savons, il est bon de suivre une formation en aromathérapie en école reconnue, comme je l'ai fait (www.ecole-era.ch). 

Enfin, il faut à chaque fois vérifier la légitimité et la formation de ceux et celles qui donnent leurs recettes sur internet, instagram et autre facebook. On y trouve énormément d'amateurs, très peu souvent éclairés...!

Il est temps d'arrêter de diaboliser pas ces merveilles de la nature que sont les huiles essentielles! 
Arriver à soigner une bronchite sans médicaments chimiques, juste avec un mélange adapté, c'est juste fantastique! 
Favoriser le sommeil de son enfant en le massant avec une huile calmante, c'est magique!
Se doucher avec un savon maison parfumé est un bonheur renouvelé chaque matin!

En pratique, je vous accompagne...


Pour les personnes intéressées, j'ai rédigé les guides de l'association ZeroWaste Switzerland, qui se bat contre la production des déchets et contre le gaspillage, dont j'ai été Ambassadrice. Un guide est consacré aux produits ménagers, un autre aux produits cosmétiques de base.

De temps à autre, j'anime des ateliers de fabrication de produits faits maison (voir par exemple le site de l'Association des Paysannes vaudoises), ou je donne des conférences publiques ou privées (entreprises) sur le sujet des déchets, du fait-maison. N'étant pas aromathérapeute agréée, je ne donne par contre aucun conseil ou recette à visée thérapeutique.

N'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez organiser un atelier ou autre chose (valesavabien(at)gmail.com).

https://zerowasteswitzerland.ch/projets_rencontres/guides-zero-dechet/nettoyage//
 
https://zerowasteswitzerland.ch/projets_rencontres/guides-zero-dechet/soin-corporel/

Commentaires

  1. In accomplishing your wellness objectives, weight reduction shakes are an amazingly proficient apparatus as talked about underneath. Kinds of weight reduction shakes. Considering the different kinds of fat losing shakes, it is imperative to take not of the diverse sorts so as to settle on the best decision for your eating routine arrangement.

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  2. Bonjour,
    Je n'ai pas entendu parler négativement des HE, autour de moi en Belgique ou dans les médias, mais je ne suis pas étonné que de telles campagnes de dénigrement existent en la matière comme dans bien d'autres.
    Nous vivons dans un monde où presque tout est gouverné par le mercantilisme, donc quand la vente d'un produit est financièrement nuisible à celle d'un autre, de pseudo études apparaissent, sujettes à caution, financées par des lobbies industriels plus ou moins obscurs et relayées sans grand discernement sur les réseaux sociaux. On en arrive alors à ce genre de dénigrement.
    J'utilise les HE, ne serait-ce que pour soigner un simple rhume, car les spécialités pharmaceutiques que l'industrie refile à tout un chacun et dont elle vante les vertus dans ses campagnes de pub ne sont pas compatibles avec mon organisme.
    Le livre de Daniele Festy porte très bien son titre !

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